La deuxième promenade de cette édition 2013 des Rencontres d'Arles : MOI
A la croisée entre autoportrait et monde du fantasme et du rêve, amusé ou inquiet.
Et ses petits théâtres, qu’arpente ou tente de fuir son effigie en papier découpé. La solitude, le passage du temps, l’ambition et l’impuissance y sont croquées en quelques éléments bricolés qui font mouche à chaque fois.
Et son étrange série, il y a une place en enfer pour moi et mes amis, où par un subterfuge technique, ses amis se voient dotés d’une carnation oscillant entre brûlure et bronze, réactivant sur un mode différents, plusieurs des questions qui hante son travail : les portraits d’africains albinos, les corps brûlés du Rwanda, le cinéma d’horreur de Nollywood, la terre brûlante des décharges du Ghana, mais aussi et surtout, cette confrontation entre peau blanche et peau noire, particulièrement en Afrique du Sud, où il a grandi, qui cristallise toute un pan d’histoire irrésolue.
et ses installations hantées, où ses sculptures faîtes avec des matériaux de récupération sont rephotographiées, donnant jour à des images picturales et matiéristes, qui, dans l'espace, redeviennent à leur tour des sculptures.
et ses indiscrétions, dérangeantes et touchantes, où il observe les rencontres furtives car clandestines d’hommes dans les cinémas de Bogota.
Que ses photographies soient prises en Belgique, à l’île Maurice, en Suisse, en France, en Italie, le regard qu’il pose sur les choses font qu’on hésite un instant au seuil entre le monde qui l’entoure et le rêve qu’il en fait. Des ombres, des reflets, la déchirure d’une bâche, l’éclat d’une vitre, un bras dans une machine à tisser, des chiens, une tortue, un lézard danseur, un homme qui dort, une partie de football… Une collecte vibrante bien qu’en retenue.
Et ses autoportraits, où son corps nu devient sculpture, entrant en connivence avec la nature qui l’entoure, en conjuguant tendresse et efficacité graphique.
photographie : Gilbert Garcin, le funembule