Faire la médiation d’une œuvre d’art, c’est arpenter à plusieurs, explorer une œuvre, pas à pas, construire, élaborer ensemble. C’est faire que la parole et le regard circulent. C’est mettre des regards en mouvement, influer une dynamique par un égrainage de questions qui permettent aux spectateurs de faire la rencontre d’une œuvre. Car une médiation réussie n’est pas une médiation où l’on a fait passer le plus d’informations, de connaissances, mais lorsqu’une véritable rencontre s’est faite.
Quelque chose se produit, est produit. Une médiation est un espace de parole et de rencontres.
Rencontre entre un groupe et une œuvre, et aussi rencontre au sein du groupe, entre eux, grâce à une œuvre.
Le médiateur n’est pas là pour dire au groupe ce qu’il devrait penser, mais instaurer un cadre générant de l’intelligence collective, un cadre permettant de penser ensemble, de créer du sens ensemble.
Et pour cela, il lui faut veiller à la richesse des interactions entre les membres du groupe. Cela demande, de la part du médiateur, une grande qualité d’écoute et d’être à l’autre.
Il doit savoir entrer en relation, mais aussi faire entrer en relation. C’est un savoir-être particulier. Une posture particulière.
Il doit à la fois affirmer une singularité, car une médiation est « juste » si elle ressemble au médiateur, et en même temps, même si cela peut sembler paradoxal, le médiateur doit s’effacer devant l’œuvre, il est intermédiaire. Il n’est pas là pour faire un one-man show, ni pour faire une conférence, ce n’est pas lui qu’il doit mettre en avant, c’est l’œuvre, mais aussi le groupe.
Il doit savoir placer son corps et sa voix pour cela. Il met en place, il organise un espace d’échange à l’intérieur de l’espace d’exposition. Il active des relations. Il est un déclencheur. Il ouvre quelque chose au sein de cette surface.
Une médiation est véritablement une affaire d’espace.
Le discours est ancré dans l’espace : il découle des œuvres, de la manière dont elles sont accrochées et de l’itinéraire choisi par le médiateur à l’intérieur de l’exposition.
C’est une pensée spatialisée.