SERGIO LARRAIN

Publié le 10 juin 2013 dans Des oeuvres, Rencontres d'Arles

Sergio Larrain sait capter, dans un cadrage mêlant rigueur et souplesse, les moments où plusieurs éléments se rencontrent et se répondent, s’organisent spatialement et graphiquement devant lui :

 

une silhouette et des oiseaux qui s’envolent ;

une femme, l’arrête d’un mur, un homme ;

une montre qui épouse le bord arrondi d’un lit ;

l’arrête d’une balustrade en pierre et le centre de l’avenue des Champs-Élysées ;

des ombres qui courent pour attraper un train ;

des enfants vagabonds, à Santiago, sur et sous un pont, une jambe pendant au-dessus du vide, en résonance avec une corde blanche qui se découpe sur le fond noir, gouffre au-dessus duquel ils se hissent ;

 

deux fillettes presque identiques, une dans l’ombre, une dans la lumière, dans un passage de la ville chilienne de Valparaiso… la même ? une autre ?

À moins que la seconde ne soit que l’ombre de la première ?

Trouble de la vue ? trouble du temps ? Magie noire discrète?

Une inquiétude diffuse se distille.

 

Sergio Larrain affirme d’ailleurs que « Les petites filles descendant l’escalier fut la première photo magique qui se présenta [à lui]. »

 

Au Chili, au Pérou, en France, en Angleterre, il est à l’affût de ces moments de grâce, d’éblouissements, où les choses semblent s’organiser, entrer en résonance, entre elles mais aussi avec lui. Ensuite, « le jeu consiste à organiser le rectangle ».

Le photographe chilien cadre avec une grande liberté, en ayant un sens intuitif de la géométrie, mais jouant avec elle. Ici une contre-plongée accentue la soumission de l’enfant faisant la manche, écrasé sous l’ombre d’un adulte. Ici une vue prise depuis le sol métamorphose la rue en effaçant la pente et, soudain, un chien semble surgir d’un espace tout autre.

 

Être disponible, souple, à l’écoute mais sans attente, arpenter la ville portuaire de Valparaiso en compagnie de son ami Pablo Neruda, attentifs aux ombres et aux assonances.

 

 

Tiphaine Buisson

 

 

Sergio Larrain sera exposé aux Rencontres d'Arles 2013, à la Chapelle Saint-Anne, place de la République.

Court film sur l'exposition

 

Illustration : Sergio Larrain Passage Bavestrello, Valparaiso, Chili, 1952

© Sergio Larrain/Magnum Photos

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